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Riols, commune du Pays Saint-Ponais
Riols comprend une vingtaine de hameaux dispersés entre le plateau du Somail, la vallée du Jaur
et les Monts du Pardailhan : Aupigno, Ardouane, Bégot, Bordevieille, Brettes, Cassillac,
Condades, Euzèdes, Falgouze, Langlade,
Les Coumayres, La Roque,
Ligno, Lizarne, Marso, Mézouilhac, Roulio et Tarbouriech ...
L'histoire de Riols est très étroitement liée à Saint-Pons-de-Thomières : la chartre de fondation de l'abbaye, en
936,
mentionne la donation faite au monastère par Raymond Pons, comte de Toulouse, des terres de Tarbouriech,
Les Coumayres,
Condades, Cassillac, et Rieulets. En 940, l'archevêque de Narbonne cède à l'abbé de Saint-Pons les églises
Saint-Pierre-de-Riols
et Notre-Dame-de-Tredos.
L'ensemble du territoire de Riols forme finalement une seigneurie appartenant à l'abbaye de Saint-Pons. A une
date indeterminée, il est
établi un château, au centre du village de Riols. Les habitants doivent au seigneur abbé les droits seigneuriaux
et la dîme ecclésiastique.
Par erreur, l'érudit local Joseph Sahuc a indiqué qu'un concile se serait tenu au hameau d'Euzèdes à cette époque,
et que
le hameau de Begot aurait été le chef-lieu d'une viguerie. Ces
hypothèses sont considérées comme erronées par les historiens contemporains ...
Lors de la formation du diocèse de Saint-Pons en 1318, l'abbé
devient évêque et les moines forment le chapitre de la
cathédrale.
Cette répartition des terres seigneuriales se prolonge jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. Le souvenir en était encore conservé dans
des bornes armoriées à la limite des communes de Pardailhan et Riols, portant sur une face
la fleur de Lys (Pardailhan était pour une part domaine royal), et sur l'autre, une croix (symbolisant les
armoiries du chapitre). Ces bornes ou "bodules" ont été volées.
En 1318, les habitants de Riols passent une transaction avec le premier évêque
Pierre Roger afin de rappeler leurs "privilèges", de
préciser les droits seigneuriaux, de régler la justice,
de confirmer leurs droits sur certains vaccants.
C'est un peu plus tard, probablement au cours du 15ème siècle, que l'institution des consuls,
représentants élus des habitants est créée (le
consulat voisin de Pardailhan remonte à 1381).
A cette époque,
l'artisanat textile commence à se développer à travers l'installation de nombreux ateliers de tisserands.
Les guerres de religion amènent d'importantes destructions dans la région : en 1567, Saint-Pons et ses environs
sont occupés
par les troupes protestantes; l'église Saint-Pierre-de-Riols est partiellement détruite, ainsi
que le "château" de
l'évêque. Ce dernier est même en ruines, comme le montre l'autorisation, donnée en 1571 par
Mgr de Castelnau,
à Gaspard de Guibbal de "prendre
de la pierre de la démolition du château de Riols ...
pour bâtir une maison". A partir de la fin du 16ème siècle, la paix est revenue et
la petite bourgade se reconstruit lentement:
le pont de la Banasse, sur le Jaur, est bâti. L'église paroissiale, en partie détruite
est lentement restaurée, sous l'impulsion du curé Cabrol (comme en témoigne son "livre de raison",
publié par Joseph Sahuc);
En attendant l'achèvement des travaux, le service religieux se fait, pendant plusieurs dizaines d'années, dans
la chapelle Sainte-Croix. En 1640, un rétable est installé dans l'église réparée, de nos jours toujours visible.
De petites fabriques de draps se développent à partir de la fin du 17ème siècle, avec leurs moulins foulons :
on en compte
4 à 5 fabriques jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, occupant plusieurs centaines
d'ouvriers et de tisserands dans les environs.
A la Révolution, les rares biens du clergé et des émigrés sont vendus. Riols ne compte d'ailleurs qu'un seul
émigré, Honoré de
Raynaud de Martinet, ancien combattant de la Guerre d'Indépendance des Etats-Unis; son
frère Auguste choisit
le camp adverse, et devient membre de la garde nationale organisé à Riols en 1792, puis maire de la
commune en 1793-1794, sous le nom d'Auguste Martinet : le ci-devant
organise ainsi la production de salpètre, afin d' "exterminer tous
les tyrans coalisés contre la République".
Les Raynaud de Martinet parviennent à préserver ainsi l'essentiel de leurs biens lors de la Révolution, et restent pendant
toute la première moitié du 19ème siècle
les plus importants propriétaires fonciers de Riols, possédant également plusieurs fabriques de draps.
Au 19ème siècle, Riols avec plus de 2000 habitants, s'est transformé en petit centre industriel, comptant plus
d'une dizaine de fabriques de draps et filatures de laine, et faisant travailler des tisserands sur
leur métier, disséminés dans les hameaux environnants. Un voyageur décrit Riols en 1834,
comme "rempli de manufactures de draps; l'intérieur est si étroit qu'une grosse charette ne saurait
y passer".
Commune ouvrière, Riols est contestataire et même rebelle durant tout ce 19ème siècle.
Après la révolution de 1848, Riols est un foyer républicain organisé. La répression, après le coup d'Etat
de 1851 de Louis Napoléon Bonaparte, est terrible : l'état de siège étant déclaré, l'armée
investit le village. Plus d'une centaine
d'hommes sont arrêtés et détenus dans les prisons de Saint-Pons. Jugés,
73 d'entre eux sont déportés en Algérie. Le souvenir en est conservé par un monument élevé en 1904, sur
le Causse,
lieu
des réunions clandestines des Républicains.
Au cours du 19ème siècle, la commune de Riols se dote de bâtiments collectfs : la mairie actuelle en 1856, puis, sous
la 3ème République, les écoles (à Riols, Condades, Tarbouriech, Langlade).
L'ouverture de la ligne de chemin de fer entre Mazamet et Bédarieux entre 1883 et 1887 ne suffit pas
à entrainer la modernisation de la petite industrie textile, qui s'éteint progressivement, faute d'investissements.
Après la grève de 1926, le textile de Riols disparaît peu à peu.
En 1907, un Petit Séminaire, succédant à celui de Saint-Pons, fermé par les lois de séparation de
l'Eglise et de l'Etat, s'installe à Ardouane, dans ces terres républicaines et laïques. Il forme pendant près de
cinquante ans plus de 83 prêtres, devenant ensuite le "collège libre de Saint-Benoit d'Ardouane", fermé en 1982.
Riols est situé dans la vallée du Jaur, à cinq kilomètres en aval de
Saint-Pons-de-Thomières.
Le village est le chef-lieu d'un vaste territoire de plus de 5600 ha, formant la plus étendue des communes de
l'ancien canton de Saint-Pons.
Les revenus de l'abbaye sont alors séparés : à Riols, le chapitre conserve les droits seigneuriaux sur les
terres des Garrigues, comprenant les mazades de Bégot, Condades, Aupigno, Roulio,
Marso, Cassillac, tandis que l'évêque
garde le reste de la seigneurie.
En 1840, la Grande Rue est tracée, large qui traverse le village en ligne droite, les matériaux
de démolition servant
à aménager le Foirail.
Sous l'Empire, le nombre de conscrits déserteurs est considérable, plus d'une trentaine en 1813.
Lors de la Restauration de 1814, Riols est considéré comme dangereuse,
inquiétant le sous-préfet de Pardailhan, ancien émigré.
Le maire doit rendre des comptes et produire un arrêté municipal
menaçant des tribunaux toute personne qui aura "mal parlé soit du gouvernement, soit
de la personne du Roy".