Saint-Pons-de-Thomières et le Pays Saint-Ponais
Histoire et patrimoine de l'ouest du département de l'Hérault

Le Marquis Melchior Dulac
Dernier seigneur de Labruguière

A la fin de l'Ancien Régime, le marquis Melchior Dulac est riche et considéré dans le pays Castrais. Ces contemporains disent qu'il "a trente métairies, trente mille livres de rente, trente ans et qu'il est le plus joli colonel de l'armée du roi".

Armes du Marquis Dulac
Armoiries du Marquis Melchior Dulac

Il est né le 24 novembre 1755, à Labruguière, fils aîné de Joseph premier marquis du nom, d'une ancienne famille du Bas-Languedoc,et de Françoise de Cabrol de Grualgue, originaire de La Salvetat.
Son père Joseph Dulac a acheté le château et la seigneurie de Labruguière en 1749 et obtient de l'ériger en marquisat en 1757 (La Bruguière prend alors le nom de Dulac).
Pendant près de 30 ans le marquis Joseph Dulac cherche à imposer aux habitants de Labruguière des droits seigneuriaux, en supprimant les anciens privilèges et franchises.
Il perd finalement ses procès et la Cour des Aides de Montpellier le condamne même à rembourser les habitants de Labruguière.

Labruguière dit Dulac
La Bruguière dit Dulac

Par ailleurs, Joseph Dulac a hérité de sa mère Elisabeth de Vilettes de la seigneurie et du château de Montlédier (actuel commune du Pont-de-L'Arn).
Le domaine familial est donc considérable, encore agrandi par les héritages de son épouse Françoise de Cabrol de Grualgue à La Salvetat (métairies de Grualgue, Saujas et Combesalat, actuelle commune de La Salvetat-sur-Agout).

Labruguière
Estimation des biens du marquis Joseph Dulac

Le jeune Melchior Dulac vit donc l'existence facile d'un noble aisé. D'abord élève de l'Ecole de Sorèze, il devient page de La Grande Ecurie à Versailles.
Sa carrière militaire est rapide: peu avant la Révolution à trente ans, il est colonel de dragons. L'ancienneté de sa famille lui permet également d'être admis aux honneurs de la Cour en 1785 .

La Révolution de 1789 va bouleverser ce destin.
Au début de l'année 1789, le marquis Melchior Dulac siège à Castres dans l'ordre de la noblesse pour préparer les Etats-généraux. Il fait partie des commissaires nommés pour rédiger les cahiers de doléances de la noblesse castraise.
Peu après l'annonce de l'abolition des privilèges par la Constituante, dont la nouvelle parvient à Castres le 14 août 1789, son château de Montlédier est pillé par les habitants du Pont-de-l'Arn .
Toutefois, le ci-devant marquis reste un personnage important de la région : ainsi en septembre 1790, il commande les 6000 hommes de la Garde Nationale des communes du Tarn qui défilent à Castres.
Contrairement à d'autres nobles de la région, Melchior Dulac ne souhaite pas émigrer, et il se décide finalement sans grandes convictions au début 1792 :

"Personne n'était moins disposé que moi à quitter le pays. Retiré dans ma maison de Labruguière, où je faisais encore un peu de bien, ne me connaissant pas d'ennemis personnels, j'aurai laissé la Révolution suivre son cours, si de temps en temps, je n'avais reçu, par des intermédiaires officieux, une quenouille garnie d'un papier portant le nom de Coblentz. Cette provocation trop souvent renouvellée me devint insupportable.
Je partis pour la Suisse; je m'établis à Constance, au milieu d'une charmante société de dames pour lesquelles j'employais mon talent de dessinateur. Il me servait à tracer des canevas pour broderies.

Dix ans après, je rentrai dans ma maison un peu saccagée, mais avec le plus grand regret de l'avoir quitté, et très heureux de m'y retrouver avec mes souvenirs des premiers jours de la Révolution ...

Ah mes amis, croyez-en mon expérience, et quelles que soient jamais les circonstances, n'émigrez pas.".

A son retour d'émigration vers 1802, le ci-devant marquis Melchior Dulac parvient à se faire rayer des listes d'émigrés, et récupère une partie de ses biens, avec parfois quelques surprises, comme au Pont-de-l'Arn.
Désormais, comme son cousin et voisin le comte Louis de Villeneuve à Hauterive, il se consacre à améliorer son domaine agricole.

En 1804, âgé de près de cinquante ans, il épouse à Toulouse la jeune Rosalie de Monstron de Sauton d'Escouloubre, âgée de 22 ans, fille du marquis d'Escouloubre, maire de Toulouse, sous la Restauration. Melchior Dulac est décédé à Toulouse en 1851, à l'âge respectable de 95 ans.

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